Par Laëtitia RAIBON, votre naturopathe
La candidose est souvent synonyme de mycose locale, dans la tête de grand nombre de mes consultants en naturopathie. Or, une candidose intestinale ne donne pas forcément lieu à une mycose cutanée ou vaginale.
Des symptômes tels que des troubles digestifs, de la fatigue chronique, des insomnies, des douleurs articulaires ou encore des maux de tête, peuvent nous mettre sur la piste d’une candidose intestinale.
Nous allons voir ici comment repérer une candidose et quelles solutions naturelles existent en naturopathie pour y remédier.
Qu’est-ce qu’une candidose ?
La candidose est une infection causée par le candida albicans. Il s’agit d’un champignon qui fait partie intégrante de notre microbiote, au même titre que les bactéries qui vivent sur nous. Il est présent dans nos intestins mais également dans notre bouche ou nos muqueuses génitales.
S’il reste dans des proportions correctes, sous forme de levures, tout va bien. Il est d’ailleurs utile pour recycler nos déchets, servir de carburant cellulaire et il joue un rôle dans le processus de fermentation des sucres.
En revanche, s’il se développe trop et passe sous sa forme mycélienne, c’est la candidose ! Il devient pathogène et il déséquilibre notre microbiote. Il peut alors générer de l’inflammation, de la porosité intestinale et se propager ou non dans l’organisme en donnant lieu à des mycoses ou lésions cutanées.
Symptômes fréquents de candidose
La candidose intestinale ou SIFO en anglais (Small Intestinal Fungal Overgrowth) se repère en mettant en lumière un faisceau d’indices parmi lesquels on retrouve :
– Des troubles digestifs : reflux, ballonnements, constipation, gaz…
– Des problèmes de peau : acné, eczéma, psoriasis, allergies…
– Des migraines ou maux de tête
– Des infections ORL : sinusite, otite…
– Des cystites et infections urinaires à répétition,
– Des douleurs ostéoarticulaires : tendinites…
– Des troubles du sommeil, de mémoire, de l’anxiété, du brouillard mental…
– Des mycoses vaginales, vulvaire, buccales, cutanée…
La liste des symptômes n’est pas exhaustive et il n’y a pas besoin de cocher toutes les cases pour suspecter une candidose.
Les causes de la candidose
Les causes de développement anarchique du candida albicans pathogène sont multiples. On peut citer parmi elles :
– Une alimentation trop glucidique et inflammatoire, riche notamment en sucre raffiné. Le sucre favorise un terrain acide qui plait tout particulièrement au candida albicans. Celui-ci se met alors à proliférer sous sa forme pathogène en ayant le terrain et l’alimentation qu’il préfère.
– La prise de médicaments et notamment d’antibiotiques à répétition. Les antibiotiques tuent les mauvaises et les bonnes bactéries par la même occasion. Les IPP, les anti-inflammatoires, la pilule contraceptive, amènent aussi des perturbations du microbiote.
– Le stress chronique entraîne une élévation du taux de cortisol et par conséquent une glycémie plus élevée. Ceci contribue à favoriser le développement du candida albicans.
– Les sources de toxines encrassent l’organisme et concourent au développement d’une candidose. Ces toxines peuvent provenir d’une suralimentation, d’une consommation de tabac ou à cause d’une constipation qui entraîne une réabsorption des toxines contenues dans les selles stagnantes…
– Les métaux lourds perturbent le fonctionnement du corps et favorisent le développement des pathogènes. Attention donc à certains produits cosmétique, soins dentaires, aux pesticides, à l’eau de boisson…
– Un milieu humide favorise le développement des mycoses locales (bouche, vagin, peau…). Il ne faut pas oublier de bien essuyer son corps après la douche !
Le diagnostic de la candidose
Le faisceau d’indices dont nous parlions est parfois tellement important, qu’il se suffit à lui-même pour comprendre qu’il s’agit d’une candidose. Mais pour celles et ceux qui ont un doute ou qui souhaitent voir l’ampleur de leur candidose, il existe un test biologique fiable, qui permet de savoir où l’on en est. C’est le test des métabolites organiques urinaires MOU. Il indique clairement si le niveau de candida albicans est correct, trop élevé ou vraiment très élevé.
Cependant, attention à le faire correctement pour ne pas avoir un faux négatif et gaspiller son argent car ce test fonctionnel n’est pas remboursé.
Les traitements classiques
Lorsqu’il y a une candidose, qu’elle soit intestinale ou locale, le traitement classique consiste en l’administration d’antifongique en crème, ovule et/ou en comprimés à avaler.
Ces traitements ne fonctionnent pas toujours bien ou alors ils fonctionnent mais la mycose revient rapidement une fois le médicament arrêté. Je rencontre souvent des personnes fatiguées, qui ont enchaîné plusieurs antifongiques les uns après les autres sans succès et dont le foie est en souffrance.
Les protocoles naturopathiques de la candidose
En naturopathie, on ne se contente pas de prendre un antifongique naturel pour venir à bout d’une candidose. Il s’agit avant tout de remonter aux causes de la candidose grâce à un interrogatoire complet. Ensuite, chaque protocole est individualisé en fonction des causes retrouvées. Ceci-dit, il y a tout de même des étapes clés, à adapter en fonction du profil. Ces étapes sont :
1/ Le soutien de l’organisme avant d’attaquer le protocole candidose
Il est important de débuter le protocole candidose avec un minimum d’énergie.
Les personnes épuisées ou amaigries, qui ont de gros dérèglements hormonaux ou des émonctoires totalement saturés, doivent d’abord penser à rétablir l’équilibre de leur organisme avant de s’attaquer à la candidose.
C’est au travers du bilan de la première séance que je me rends compte de ce à quoi il faut que l’on s’attaque en premier. Il peut s’agir d’un soutien du foie, de la thyroïde, des glandes surrénales ou d’autres systèmes.
Un organisme trop affaibli ne sera pas en mesure de lutter contre cette candidose.
2/ Adopter une alimentation spécifique pour contrer la candidose
Une alimentation anti-candidose doit être anti-inflammatoire, brute et pauvre en sucre.
Les aliments sucrés et à index glycémique élevé doivent être évités jusqu’à disparition de la candidose. Pâtisseries, alcool et autres boissons sucrées, chocolat, riz blanc, fruits très sucrés sont à éviter ou à limiter au maximum.
Bien entendu, il est important de ne pas les réintroduire en grosse quantité, une fois le protocole terminé car la candidose reviendrait au galop !
Les aliments bruts (sans liste d’ingrédients à rallonge) et notamment les légumes verts et les petits poissons gras, riches en omégas 3, sont à privilégier.
Les produits laitiers, le gluten et les levures doivent être écartés.
3/ Consommer des aliments à vertus antifongiques
Certaines épices et aromates sont à consommer sans modération puisqu’elles ont des vertus antifongiques. Je pense à l’ail, à l’oignon et à l’échalotte, à la cannelle, au curcuma et surtout à l’origan… Toutefois, il est important de considérer chacun individuellement car certaines personnes ne digèrent pas ces aliments.
L’huile de coco peut aussi être consommée pour ses propriétés antifongiques.
4/ Soutenir le foie
Il est important de soutenir son foie lorsqu’il y a une candidose et lorsque l’on se lance dans un protocole anti-candidose. En effet, le foie va avoir beaucoup de travail pour filtrer tous les pathogènes éliminés. Cela favorise la fatigue.
Certaines plantes hépato-protectrices ou drainantes comme le chardon-marie ou le desmodium peuvent être utilisées, en fonction de la personne. Une bouillotte chaude placée sur le foie après le repas favorise également le travail du foie.
5/ Briser les biofilms
Une étape à ne pas louper est celle de la destruction des biofilms dans lequel se cache le candida albicans. Il s’agit d’un habitat protecteur qui rend le candida intouchable avec de simples antifongiques si cette protection n’est pas détruite.
Certaines enzymes comme la bromélaïne, la serrapeptase ou encore le NAC, vont agir sur ce biofilm.
6/ Les remèdes locaux
Les mycoses locales (buccales, vaginales, génitales chez l’homme, des ongles ou cutanées quel que soit l’endroit) peuvent être soulagées en parallèle, avec des remèdes naturels antifongiques (huile de coco, huiles essentielles…).
Mais attention : si vos mycoses locales sont chroniques, il faudra débuter un protocole complet de changement d’hygiène de vie et non vous contenter d’une application locale. Cela veut dire un changement d’alimentation, un protocole de compléments alimentaires en interne sur plusieurs mois, un travail sur la gestion du stress…
7/ Nettoyer les intestins avec des antifongiques
Connaître la réaction d’Herxheimer
Attention, lorsque l’on souhaite utiliser des antifongiques : il est possible d’avoir de fortes réactions de détox appelées réaction d’Herxheimer lorsque le candida meurt. Elles se caractérisent par des maux de tête, des douleurs et des baisses de moral voir même des dépressions importantes. Il faut donc adapter le protocole à la personne pour éviter ce genre de réaction et savoir comment réagir si cela arrive.
Les antifongiques
Il est important d’effectuer des rotations dans les prises d’antifongiques car le candida albicans s’habitue vite aux traitements.
L’allicine pour lutter contre le candida albicans
J’ai noté plus haut que vous pouviez consommer de l’ail dans votre alimentation mais il est également possible de prendre de l’allicine qui est la molécule active de l’ail.
Attention, il ne faut pas prendre d’ail en cas d’hypotension sévère, de prise d’anticoagulants ou d’anti-hypertenseurs, d’antiplaquettaire.
L’argent colloïdal contre les mycoses
Il est très efficace tant en externe qu’en interne même si la règlementation en France a changé à ce sujet : elle n’autorise plus l’usage interne alors que ce n’est pas le cas aux Etats-Unis par exemple.
Il s’agit d’un antiviral, antibactérien et antifongique qui a peu de contre-indications.
La berbérine antifongique
C’est une substance extraite d’une plante, qui a de nombreuses propriétés puisqu’elle est antimicrobienne mais elle permet aussi de rééquilibrer la flore intestinale en favorisant les bonnes bactéries.
Elle a en outre des vertus hypoglycémiantes et anti diabète.
Il faut éviter de la prendre si l’on a un traitement anticoagulant, antihypertenseur, sédatif, immunosuppresseur… Attention avec les prises de médicaments.
L’extrait de pépin de pamplemousse (EPP) contre le candida albicans.
Il est efficace en interne et en local pour faire un bain de bouche ou sur la peau, mélangé à de l’huile.
Ses propriétés sont antifongiques, antibiofilm, antiviral, anti inflammatoire, anti-bactérien.
Il faut éviter de le prendre trop proche d’une prise de médicaments ou de compléments car il peut interagir avec eux.
La lapacho contre la candidose
Il s’agit de l’écorce d’un arbre amazonien qui a des propriétés antibactériennes, antifongique, antiviral, anti-inflammatoire, anticancer…
A ne pas prendre s’il y a des troubles de la coagulation.
Les acides gras de l’huile de coco
L’acide laurique et l’acide caprylique sont issus de l’huile de coco. Ils ont des propriétés antifongiques efficace.
Consommer beaucoup d’huile de coco ne suffira pas, il faut prendre des compléments alimentaires pour cela.
Les huiles essentielles
Celle d’arbre à thé ou Tea Tree, est connue pour les mycoses locales sur la peau ou les muqueuses. Il est préférable de la diluer dans de l’huile végétale.
En interne, il faut y aller avec précautions. Ne jamais en prendre sur la durée.
L’huile essentielle d’origan est très bien mais très forte. Il faut être expert pour l’utiliser.
Le jeûne
Le jeûne de plusieurs jours est également un outil pour faire baisser l’infection fongique et l’inflammation. Un jeûne doit être préparé et encadré de préférence. Il est à éviter chez les personnes dénutries et très amaigries et toutes les contre-indications sont à connaître.
8/ Réparer la muqueuse intestinale
La réparation de la muqueuse se fait parallèlement au nettoyage afin de rétablir une barrière qui permettra de stopper les toxines et de réduire l’inflammation.
On peut utiliser la glutamine, le curcuma pour aider à obtenir le résultat souhaité.
9/ Restaurer la flore intestinale
Des probiotiques ciblés sont nécessaires pour repeupler l’intestin avec de bonnes bactéries quand ces dernières ont été mises à mal par les perturbations liées au candida albicans.
CONCLUSION
On ne se lance pas dans un protocole pour la candidose à la légère puisque, nous l’avons vu, il s’agit d’un sujet complexe et y a un certain nombre d’informations à connaître.
Le protocole doit être adapté à la personne et il doit prendre en compte les causes de la candidose.
Il est important de maîtriser la complémentation et de savoir réagir fasse à une éventuelle réaction d’Herxheimer.
Se faire accompagner tout au long de son protocole est plus que souhaitable.